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Que se passe-t-il à Royal Canin, 1200 salariés, entreprise emblématique du Gard, restée jusqu’à ces dernières années dans le sillon tracé par son fondateur, l’idée géniale que la santé des chiens et des chats commençait dans leur gamelle ? Mais ces dernières années, des cadres ont craqué à l’épreuve du management du groupe américain Mars, propriétaire de Royal Canin. Preuve en est, avec ce sixième et dernier épisode de notre enquête fleuve.
Médecins, gendarmes, inspecteurs du travail, avocats, conseilleurs prud’homaux… de nombreux professionnels, en charge de plusieurs dossiers inhérents à l’entreprise, ont un regard extérieur, mais éclairé, sur la vie d’un salarié à Royal Canin. "Royal Canin a longtemps été une oasis de prospérité, avec de bons salaires, et un management original. L’image est d’ailleurs belle, plutôt "relax", "friendly", à l’anglo-saxonne. Mais en grattant le vernis… c’est ce décalage qui est choquant", observe l’un de ces témoins, qui a travaillé avec d’ex-salariés en souffrance, certains avaient "la peur au ventre".
Il a le sentiment que l’entreprise "fait fi de la réglementation française du travail", et que "là où c’est problématique, c’est que c’est systémique".
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"Le contrat initial, non écrit, c’est "Vous êtes là, mais demain, ce ne sera peut-être pas le cas". Vous êtes un pion. On peut prendre quelqu’un qui est "bon" dans son boulot, mais qui ne correspond plus à ce qu’on veut de lui, et lui dire "Tu as deux minutes pour partir". Comme tout le monde a le sentiment d’être sur un siège éjectable, personne ne dit stop. En France, ça ne se passe pas comme ça. C’est pourtant ce que se permet Royal Canin", explique l’interlocuteur, qui rappelle le contexte : "S’attaquer à un fleuron de l’industrie gardoise n’est pas sans conséquence, dans un tissu industriel mis à mal. Perrier ne va pas bien… c’est un sujet sensible"
"Des décisions qui s’appliquent sans discernement"
"Réorganisations incessantes", "manageurs" ou "collègues toxiques", "sans empathie", "système d’évaluation et d’évolution propre à Royal Canin" caché derrière des anglicismes, "absence de culture syndicale"… un salarié est exposé à de nombreux facteurs de déstabilisation, sans vraiment de parapluie protecteur, observe-t-il. "Je vois mal comment une telle organisation peut être remise en cause, avec des décisions qui ne sont pas prises sur place, qui viennent de Mars, et qui s’appliquent sans discernement. Les effets d’organisations défaillantes et de managements toxiques, j’en vois beaucoup, surtout depuis la pandémie de Covid. Mais à cette échelle et avec cette sophistication, non", conclut l’observateur.
Pour lui, l’absence de sanction pénale "n’est pas satisfaisante". À peine contrebalancé par "l’émergence d’une solidarité entre les victimes" : "Le vernis est en train de craquer".