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l'essentiel Déjà mises en cause dans une précédente enquête de La Dépêche pour leur management autoritaire et les risques psychosociaux qui en découlent, les écoles artistiques du groupe Icônes – notamment l’ESMA, ETPA, Réseau Ecoles Créatives – font aujourd’hui l’objet d’une nouvelle salve de témoignages accablants, venue des étudiants cette fois.
Derrière l’image prestigieuse des écoles artistiques du groupe Icônes, une réalité plus sombre émerge. Connues pour leur excellence dans le domaine de la création visuelle, les écoles telles que l’ESMA ou l’ETPA sont aujourd’hui dans la tourmente. Une enquête de La Dépêche a recueilli des témoignages d’anciens salariés dénonçant des pratiques managériales particulièrement dures : management autoritaire, licenciements sans ménagement, dénigrement des arrêts maladie, et même humiliations publiques au sein des équipes pédagogiques.
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La parole se libère sur les réseaux sociaux
À cette première vague de révélations est venue s’ajouter une seconde, tout aussi préoccupante. Depuis début février, de nombreux témoignages d’étudiants et de parents circulent sur les réseaux sociaux, notamment sur le compte Instagram "Esma balance tout", qui publie régulièrement des extraits anonymes. Ces récits évoquent un climat anxiogène, parfois traumatisant. Morceaux choisis : "je me suis fait arnaquer", "le harcèlement est toléré par une équipe pédagogique apathique", "manque d’empathie", "humiliations publiques". D’autres décrivent un stress permanent, une compétition exacerbée entre élèves et un accompagnement jugé défaillant. Les établissements de Toulouse, Montpellier, Nantes ou Lyon sont notamment mentionnés dans ces témoignages.
S’il convient de prendre du recul face à des récits souvent subjectifs, la répétition des motifs – harcèlement, burn-out, isolement, peur des représailles – invite à s’interroger sur la culture de management et les méthodes pédagogiques au sein du groupe Icônes. Un ancien cadre du groupe apporte une lecture nuancée. Selon lui, les écoles d’Icônes restent des centres de formation qui accompagnent efficacement ses étudiants : "On a souvent affaire des jeunes très réservés, créatifs, hypersensibles voire Asperger", explique-t-il. Ces dénonciations sont-elles le fait d’une génération insistant sur ses fragilités émotionnelle et prompte à la dénonciation tous azimuts ? Pour la direction d’Icônes, ses formations correspondent "à des parcours d’excellence", "il est incontournable que certains étudiants ne soient pas satisfaits".
Le groupe lance un audit
Confrontée à une situation de crise, la direction a toutefois annoncé des mesures. Dans un message interne daté du 24 février et que La Dépêche a pu consulter, la directrice générale informe les salariés du lancement d’un audit RH interne, confié au cabinet Pisan. Ce dernier devait diffuser un questionnaire anonyme afin d’évaluer le climat de travail dans les différentes écoles du groupe. Interrogée, la direction du groupe confirme avoir sollicité "un cabinet indépendant et spécialisé, qui a procédé à de nombreuses auditions de salariés". Les conclusions seront rendues publiques le 30 avril prochain.
Dans l’attente des résultats de l’audit, la parole libérée des étudiants et des personnels interroge plus largement les conditions de formation dans les établissements d’enseignement artistique du groupe Icônes, souvent onéreux et très sélectifs. Doivent-ils revoir leurs pratiques pour mieux prendre en compte la santé mentale et le bien-être de leurs élèves ?
Icônes répond aux accusations
Mis en cause dans une enquête publiée par la Dépêche.fr le 28 janvier dernier, le groupe Icônes conteste "vigoureusement" les faits rapportés, qu’il juge "diffamatoires". Il affirme parallèlement être "dans une démarche constante d’amélioration", "nous ne cessons de prévoir des dispositifs permettant l’écoute de nos étudiants que nos équipes pédagogiques reçoivent plusieurs fois par an pour un suivi individualisé. Nous avons également mis en place, par exemple, des accompagnants psychologiques gratuits post-Covid ; nous distribuons un montant annuel de bourses entre 200 000 et 300 000 euros en fonction des années, etc."