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AboPatrimoine à La Tour-de-Peilz –
La vie des élites de jadis renaît au domaine de La DogesTrois pièces de la maison de maître ont été restaurées, dont une rare salle de bains. Elles témoignent du quotidien bourgeois d’il y a deux siècles. Visite.
Liana Menétrey- Texte,
Laurent de Senarclens- Photos
Publié aujourd’hui à 09h33- La restauration minutieuse de trois pièces historiques du domaine de La Doges s’achève avec succès.
- Une rare salle de bains du XIXe siècle retrouve son charme d’origine.
- Le vestibule présente des colonnes en bois peintes à la main pour imiter le marbre.
- Des donations privées de 180 000 francs ont permis ces travaux patrimoniaux.
Passé le portail majestueux du domaine de La Doges et la glycine ornant les façades, la vue imprenable sur le lac se dévoile. Nichée sur les hauteurs de La Tour-de-Peilz, cette maison de maître – classée Monument historique d’importance régionale – témoigne de la vie sociale des élites vaudoises et des habitations bourgeoises des XVIIIe au XXe siècles.
Léguée en 1997 par André et Odette Coigny-de Palézieux à la section vaudoise de Patrimoine suisse, la bâtisse abrite depuis 2003 le siège de l’association. Il y a quelques jours, Patrimoine suisse dévoilait le résultat d’une restauration minutieuse menée sur trois pièces emblématiques datant des années 1820 à 1850: le salon d’été, le vestibule du bel étage et la salle de bains. Leur dernière restauration remonte au début du XXe siècle.
L’inédite salle de bains de La Doges
Le premier arrêt de la visite guidée, menée par l’architecte Aleksis Dind, est la salle de bains du rez-de-chaussée, petite pièce charmante aux parois beiges dont la peinture imite si bien le marbre que l’on s’y méprend. Mais c’est surtout son existence même qui surprend. «Au début du XIXe, il n’y avait pas d’eau courante dans les maisons, donc une salle de bains de cette époque est extrêmement rare», souligne d’emblée Aleksis Dind, aussi membre de Patrimoine suisse.
Tombée en désuétude, la pièce présentait crépis effrités et plâtres décollés. Grâce au travail des restaurateurs et restauratrices qui s’y attellent depuis août 2024, elle a retrouvé son éclat d’antan. Quant au sol en terre cuite, bien qu’usé, il a été conservé pour sa valeur patrimoniale car il révélait des indices précieux des aménagements initiaux.
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Autoriser les cookiesPlus d'infosFaute de mobilier d’origine, le décor a été reconstitué avec soin: une baignoire en métal récupérée d’un collectionneur, ainsi que des éléments d’hygiène issus des collections de La Doges (lavabo, bidet, broc, etc.).
Délicate restauration des trompe-l’œil
À l’étage, le vestibule impressionne par ses trois grandes colonnes, qui, bien qu’en bois, reproduisent subtilement le marbre. «À cette époque, ça faisait chic d’avoir une imitation peinte à la main de ce matériau», lance Muriel Thalmann, présidente de la section vaudoise de Patrimoine suisse. Avec le temps, le bois s’était rétracté, faisant apparaître de longues fissures verticales. «C’était un réel travail d’orfèvre de colmater les fissures et restaurer ces surfaces», note l’architecte, saluant l’expertise des restaurateurs de l’atelier veveysan Sinopie.
Les murs, eux, recouverts d’un papier peint bruni par les ans, a pu être nettoyé grâce à un solvant adapté. Ils servent désormais d’écrin à une collection de prises de vues et d'œuvres d’art représentant le domaine, dans un jeu de mise en abyme.
Point d’orgue de la visite: le jardin d’hiver ou salon d’été se confond avec l’extérieur. Une pièce de séjour saisonnière à double fonction avec, d’un côté, une fontaine en marbre (véritable cette fois) et, de l’autre, une cheminée en marbre rouge. Les fauteuils en osier vert d’eau dialoguent avec les peintures murales restaurées par l’Atelier META, où roses et glycines s’épanouissent sur un fond bleu céleste.
L’architecte raconte les infiltrations d’eau dont ces peintures avaient été victimes. Lors des travaux, un monitoring climatique a permis d’identifier une inondation ponctuelle, probablement due à une rupture de canalisation ou un orage violent. Par ailleurs, les luminaires d’origine ont été remplacés par un éclairage neuf.
Joli budget pour un monument historique
Les travaux, achevés en une année, ont été réalisés pour un budget de 180’000 francs, entièrement financé par des donateurs privés et institutionnels. «C’est une grande joie de voir cette maison de maître retrouver son éclat et de mettre en avant le savoir-faire des artisans, qui permettent de faire perdurer l’âme de ce lieu et de son histoire», s’exclame Muriel Thalmann.
De son côté, la syndique de La Tour-de-Peilz, Sandra Pasquier, s’enthousiasme: «Au nom de la commune, merci à ces mains minutieuses pour leur travail. Vive La Doges et vive la Tour!»
Les Doges en quelques dates
1660-1663 Construction de la première maison de maître
1826 Création de la salle de bains
1852 Création du salon d’été et des colonnes faux-marbre du vestibule du bel étage
1997 André et Odette Coigny-de Palézieux lèguent le domaine à la section vaudoise de Patrimoine suisse avec l’ensemble de son mobilier, œuvres d’art et archives. Les vignes sont léguées à la Confrérie des Vignerons
2003 Classé Monument historique de note 2, d’importance régionale
La Doges, un joyau de Patrimoine suisseNewsletter«Dernières nouvelles»Vous voulez rester au top de l’info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.Autres newslettersSe connecterVous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
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