Accueil|Monde|Alcatraz: tout sur la prison que veut rouvrir Donald Trump

Vue aérienne de l’île d’Alcatraz, à San Francisco, en Californie, montrant l’ancienne prison fédérale, le 16 mai 2024.AFP

Reconstruire et rouvrir Alcatraz. Voilà ce que propose Donald Trump dans un post sur son réseau social, Truth Social, le 4 mai. Le président des États-Unis souhaite que la prison, devenue un véritable emblème de la pop culture depuis sa fermeture en 1963, accueille de nouveau des détenus.

Mais remettre le centre pénitentiaire californien en état ne serait peut-être pas si facile que ça. On fait le point en quatre questions.

Alcatraz, c’est quoi?

Tout le monde connaît cette prison, juchée sur l’île d’Alcatraz. Situé dans la baie de San Francisco, en Californie, l’établissement pénitentiaire est devenu une icône. Pendant plusieurs décennies, l’île a d’abord hébergé une forteresse militaire, jusqu’au début des années 1900. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là qu’Alcatraz a accueilli des détenus, d’abord en tant que prison militaire, puis, dès 1933, en tant que prison fédérale de haute sécurité.

Celle-ci a vu passer des criminels très connus, à l’instar d’Al Capone. Trois détenus s’en sont également évadés en 1962: Frank Morris ainsi que John et Clarence Anglin. L’épisode a inspiré le célèbre film «L’évadé d’Alcatraz» avec Clint Eastwood.

Plus récemment, c’est J. K. Rowling, l’auteure de la série littéraire «Harry Potter», qui s’est inspirée de l’établissement américain pour imaginer la prison d’Azkaban. Du côté des jeux vidéo aussi, on peut retrouver la trace d’Alcatraz. Dans «Call of Duty», la prison est représentée fidèlement et les joueurs peuvent évoluer sur l’île et à l’intérieur de ses bâtiments.

Quand la prison a-t-elle été fermée?

La prison d’Alcatraz a été fermée en 1963, après vingt-neuf ans de service en tant que prison fédérale de haute sécurité. La décision a été prise par Robert Francis Kennedy, alors procureur général des États-Unis, et frère cadet du président John F. Kennedy. Les frais de gestion de l’établissement pénitentiaire devenaient trop importants.

Un ranger du National Park Service marche dans le bloc cellulaire principal d’Alcatraz, le 14 juin 2007, dans la baie de San Francisco, en Californie.AFP

Depuis 1973, soit dix ans après sa fermeture, l’île accueille les curieux, qui ont la possibilité de visiter les lieux. Le succès est important: c’est l’une des attractions phares de San Francisco. Chaque année, plus d’un million de visiteurs se rendent sur place. Le site est d’ailleurs un National Historic Landmark, soit un lieu historique d’intérêt national, depuis 1986.

Pourquoi Donald Trump veut-il rouvrir Alcatraz?

Sur Truth Social, le 47e président des États-Unis explique que «depuis trop longtemps, l’Amérique est en proie à des criminels vicieux, violents et récidivistes, la lie de la société, qui n’apporteront jamais rien d’autre que la misère et la souffrance». Il ajoute: «Lorsque nous étions une nation plus sérieuse, dans le passé, nous n’hésitions pas à enfermer les criminels les plus dangereux et à les éloigner de toute personne à laquelle ils étaient susceptibles de nuire.»

Dès lors, Donald Trump a ordonné «au Bureau des prisons, en collaboration avec le Ministère de la justice, le FBI et la Sécurité intérieure, de rouvrir un Alcatraz considérablement agrandi et reconstruit, afin d’y enfermer les délinquants les plus impitoyables et les plus violents d’Amérique».

Est-ce réaliste de rouvrir la prison?

Comme le rapporte un article de la BBC, peu après la déclaration du président, Chad Gilmartin, le porte-parole du Ministère de la justice, a communiqué que le Bureau fédéral des prisons (BOP) «travaillait à la reconstruction et à l’ouverture d’Alcatraz pour que l’établissement serve de symbole de la loi et de l’ordre».

Pourtant, plusieurs experts et historiens émettent des doutes sur la faisabilité d’un tel projet. En effet, lors de sa fermeture, le BOP avait fait savoir que le fonctionnement de la prison était presque trois fois plus coûteux que celui de tout autre établissement fédéral, rappelle la BBC. Cela s’explique notamment par le fait que la nourriture et le matériel devaient être acheminés par bateau.

Interrogé sur l’idée de Donald Trump par la chaîne britannique, Hugh Hurwitz, directeur par intérim du BOP entre 2018 et 2019, a avoué qu’il avait «d’abord pensé qu’il s’agissait d’une blague» et qu’il n’était «pas réaliste de penser» que le tout était réparable. Selon lui, «il faudrait tout démolir et tout recommencer».

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