Mercredi soir dernier, en repartant du Parc des Princes avec les poches pleines et un quart de finale de Ligue des champions aller fraîchement remporté (3-1) face à Aston Villa, l'entraîneur du PSG, Luis Enrique, était particulièrement fier d'une partie de son plan : que ses joueurs aient réussi à faire dérailler les habitudes, à la relance, de leurs invités de la nuit. « Avant un match, on se demande toujours ce qu'un adversaire va faire, était ainsi venu détailler l'Espagnol, face à la presse, après la rencontre. Nous avons beaucoup regardé Aston Villa cette saison et, face à Liverpool, City, Chelsea ou Arsenal, ils ont toujours montré un visage offensif, celui d'une équipe qui tente de construire, au sol. Aujourd'hui, je pense qu'ils ont également essayé de le faire contre nous, mais nous avons très bien pressé et nous les avons forcés à jouer plus de longs ballons. Puis, à la retombée, nous avons été particulièrement bons sur les seconds ballons et dans les duels. »
Pour réussir son coup, le PSG avait alors su s'ajuster à l'approche de Villa, qui, était venu, à Paris, déployer, comme à son habitude, un carré intérieur au moment de construire, formant un 4-2-2-2 très vertical.
Après avoir d'abord tenté de sortir court, Aston Villa s'était vite résigné et Emiliano Martinez, le gardien des Villans, avait alors accepté d'allonger environ 70 % de ses passes. Sur les rares tentatives intérieures, les Parisiens avaient été assez impeccables, même si l'entrée en fin de match d'Amadou Onana à la place de McGinn avait ouvert quelques pistes avant le retour.
Ce qui nous amène à la manche retour, qui a vu, mardi soir, le PSG se faire très peur au milieu d'un Villa Park qui est passé par toutes les émotions et a vu Aston Villa s'imposer (3-2), sans se qualifier, après avoir été mené 0-2 peu avant la demi-heure de jeu. Une manche retour que Luis Enrique avait choisi d'aborder en effectuant un seul changement - les jambes de Barcola ont été préférées à l'art de créer dans les petits espaces de Doué - là où Unai Emery avait opté pour l'option Onana au milieu, aux côtés de Boubacar Kamara, faisant grimper Tielemans d'un cran. Il a surtout fait enfiler à ses hommes un autre costume que celui porté au Parc des Princes. On a rapidement vu un Villa plus conquérant, plus pressant, dans un 4-4-1-1 mordant, où les trois milieux parisiens (Ruiz, Vitinha, Neves) ont été chassés tout au long de la rencontre en individuel.
Mais, presser haut demande des ajustements, et tôt dans la rencontre (11e), alors que Matty Cash est venu accompagner une attaque dans son couloir droit, Nuno Mendes a vite appuyé dans son dos, dans une zone où Konsa aurait dû coulisser pour anticiper la perte des siens.
Devant au score grâce à Barcola et au but inscrit par Hakimi sur cette séquence, le PSG a ensuite démarré une période de vingt minutes où les rotations côté gauche - Vitinha, Ruiz et Mendes se sont relayés dans le rôle de 3e central à gauche de Pacho - et la grande maîtrise technique parisienne ont ralenti le rythme de la rencontre jusqu'au deuxième but planté en contre par Nuno Mendes. Paris était-il impérial pour autant ? Entre la 16e et la 20e minute, on a d'abord vu Vitinha empiler trois erreurs étranges (dont une passe assez dingue en retrait en direction de Donnarumma à hauteur de poitrine) et on a aussi vu Enrique multiplier les colères face aux signes « d'excès de confiance ».
Dans le rapport de force tactique, un point a aussi peu à peu évolué : la hauteur de la position, dans le couloir gauche, d'un Lucas Digne qui a progressivement grimpé d'un cran.
Cette évolution dans la hauteur de la position de Digne a eu plusieurs objectifs : lui permettre de faire parler sa qualité de centre (il en a tenté quatre et en a réussi deux), mais surtout perturber, si possible, les repères parisiens dans la gestion du fameux carré.
Moins performant dans le pressing mardi soir, le PSG s'est retrouvé dans le contexte qui est le plus difficile à gérer pour lui : défendre en reculant. Il a de nouveau souffert quand le rythme s'est emballé, ce qui a aussi rendu la bataille plus physique - quand le tempo est monté, Aston Villa a gagné plus de duels et a réussi deux fois plus de tacles -, et dans la gestion de la profondeur, mais aussi entre les lignes, ce qui va nous ramener à la gestion du fameux carré intérieur. Au niveau des chiffres, les faits sont là : en C1, cette saison, le PSG n'avait jamais généré autant de xG contre lui (2,26), si ce n'est lors de la défaite à Munich (1-0, le 26 novembre), et jamais, cette saison, toutes compétitions confondues, il n'avait concédé autant de tirs cadrés (9).
Les deux premiers buts encaissés, deux séquences de jeu différentes (une attaque placée et une transition offensive), vont ainsi mettre en lumière l'histoire du carré intérieur de Villa et de sa gestion de plus en plus difficile.
Porté par la dynamique de la rencontre, Aston Villa a réussi son match et a ajusté des choses qui ont bousculé un PSG qui n'a, au fil de la rencontre, plus maîtrisé grand chose, même si on notera que Désiré Doué a amené du calme sur certaines séquences. On gardera également en tête qu'Unai Emery a peut-être fait une petite erreur en sortant un Marcus Rashford aussi en forme sur la seconde période, ou du moins qu'il l'a peut-être fait sortir trop tôt. Ce qui est sûr, c'est que Paris a sorti son match le plus incomplet depuis longtemps et qu'il a été secoué comme peu de fois cette saison. Il faudra se souvenir de ces éléments avant la prochaine étape.
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