Instagram, le nouveau divan des psy - Elle


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Key Findings

The article explores the growing trend of psychologists using Instagram to connect with and educate the public about mental health. Many psychologists utilize the platform to share case studies, debunk myths, and make mental health discussions more accessible. While the approach is innovative, the article emphasizes the crucial distinction between social media content and professional therapy.

Methods

The article focuses on several French psychologists who use Instagram and discusses their motivations and approaches. It includes case studies demonstrating the impact of this new approach.

Results

The article highlights several key outcomes:

  • Increased accessibility: Instagram allows psychologists to reach a wider audience and provide information not readily available elsewhere.
  • Demystification: The platform helps to break down stigma and misconceptions surrounding mental health.
  • Enhanced engagement: Case studies and relatable content foster a sense of community and connection.
  • Limitations: The article stresses that Instagram is not a substitute for professional help and raises concerns about self-diagnosis and the potential for misinformation.

Discussion

The psychologists interviewed emphasize the importance of maintaining professional boundaries. They stress the ethical considerations involved in offering advice online and emphasize the importance of directing individuals seeking professional help to appropriate resources.

Conclusion

The article concludes by summarizing the diverse ways psychologists utilize Instagram, balancing its potential benefits with the need for careful ethical consideration and a clear distinction between online information and professional therapy.

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« Adrien est un jeune homme extrĂŞmement sensible aux injustices. Il y est tellement sensible qu’il se sent rĂ©gulièrement persĂ©cutĂ© par les autres. Â» Et ça lui gâche la vie. Adrien est un patient fictif. Une « Ă©tude de cas Â» qui permet Ă  Catherine_la_psy d’illustrer le thème : « ce que notre sensibilitĂ© Ă  l’injustice peut rĂ©vĂ©ler Â». Catherine_la_psy, un pseudonyme, est psychologue Ă  Lyon. Depuis deux ans, en parallèle de son activitĂ© en libĂ©ral, elle propose des posts, des stories, et des lives sur son compte Instagram, suivi aujourd’hui par près de 20 000 personnes. « Les Ă©tudes de cas sont les publications qui fonctionnent le mieux auprès de mes abonnĂ©s, probablement parce qu’ils se reconnaissent dans les situations prĂ©sentĂ©es Â», explique la psychologue spĂ©cialisĂ©e en Analyse Transactionnelle (AT), un courant peu connu en France. Dans un premier temps, la professionnelle a ouvert son compte Instagram pour faire dĂ©couvrir cette approche. Rapidement, les questions posĂ©es par ses abonnĂ©s l’ont poussĂ©e Ă  dĂ©velopper des Ă©tudes de cas. « Les patients ont souvent honte de consulter un psy, ajoute Catherine. Avec mes posts, je montre que les thèmes de tous les jours peuvent amener Ă  ĂŞtre suivi. Â»

Ă€ lire >> EnquĂŞte : ils ont testĂ© le psy en ligne

DĂ©mocratiser, dĂ©dramatiser, voire banaliser, les consultations chez un « psy Â» (-chologue, -chanalyste, -chothĂ©rapeute, -chiatre), vulgariser la psychologie et sortir des clichĂ©s sont les principales motivations des psy prĂ©sents sur Instagram. « Dans l’imaginaire collectif, le psy est un psychanalyste qui ne dit rien. Moi, je suis une psy qui parle Â», s’amuse Catherine_la_psy qui assume pleinement sa prĂ©sence sur Internet, d’Instagram Ă  YouTube. « Si, grâce Ă  mon compte, certains abonnĂ©s osent faire appel Ă  quelqu’un, je suis comblĂ©e. Â» Instagram comme porte d’entrĂ©e vers la psychothĂ©rapie ? Elles s’appellent Lapsyquiparle, Psynergy, Laminutepsy, PĂ©ripĂ©psy ou encore Psyimage. Toutes utilisent un pseudonyme – plus attrayant sur le rĂ©seau social –, certaines rĂ©vèlent leur vĂ©ritable identitĂ© et dĂ©voilent plus ou moins d’elles dans leurs publications quand d’autres restent très discrètes. Depuis le premier confinement, le rĂ©seau social a vu naĂ®tre de nombreux comptes de psy. Comment expliquer un tel engouement ?

Déculpabilisant

Elodie a la petite trentaine. Il y a un an, elle a « craquĂ© au bureau Â». Burn-out. Depuis, elle se rend une fois par semaine chez une psychologue. « C’est un engagement très fort : je pense Ă  ce que je vais dire Ă  la prochaine sĂ©ance, dès qu’il se passe quelque chose, je me vois le raconter Ă  ma psy, et après la sĂ©ance, je repense Ă  ce dont j’ai parlĂ©, aux questions qu’elle m’a posĂ©es. Â» MalgrĂ© cette implication, la jeune femme a rapidement ressenti le besoin de « lire des choses, d’en savoir plus, de comprendre comment se dĂ©roule une thĂ©rapie Â». Après avoir parcouru des pages et des pages d’articles de sites consacrĂ©s Ă  la psychologie, au burn-out et Ă  la thĂ©rapie, Elodie s’est tournĂ©e vers les livres de psychologie et de sociologie. Puis, par hasard, elle dĂ©couvre le compte de Catherine_la_psy, sur Instagram. « J’ai ouvert un compte, pour voir. Et je suis rapidement tombĂ©e sur des comptes de psy. Â» Magie des recommandations et des algorithmes. La trentenaire accroche. « C’est hyper clair, hyper dĂ©culpabilisant. En Ă©coutant Catherine_la_psy, j’ai l’impression qu’une super copine est en train de m’expliquer ce que je vis en thĂ©rapie, mĂŞme si l’approche de ma psy est très diffĂ©rente. Â»

Pour Emmanuelle Drouet, alias PĂ©ripĂ©psy, « Instagram permet d’offrir une information gratuite et facile d’accès que les gens n’iraient pas chercher dans des livres Â». Sur son compte, elle parle de sujets « tabou Â», de la sexualitĂ© au suicide en passant par les troubles du comportement alimentaire et l’inceste. Il y a une dĂ©marche pĂ©dagogique, l’envie d’expliquer certains symptĂ´mes.

« Je ne veux pas devenir le Doctissimo de la psycho »

Mais attention, les comptes Instagram ne remplacent pas un suivi digne de ce nom, encadrĂ© par un professionnel. Toutes les « psy Â» contactĂ©es insistent sur ce point. « Je ne veux pas devenir le Doctissimo de la psycho, avec des personnes qui viendraient chercher des solutions low cost ou s’auto-diagnostiqueraient Â», craint Psyimage. « Ce qui compte en thĂ©rapie, c’est l’alliance thĂ©rapeutique [la relation entre le patient et le thĂ©rapeute, NDLR] Â», prĂ©cise cette psychologue d’orientation psychanalytique. Sur son compte, des dessins humoristiques pour illustrer des symptĂ´mes et des situations rencontrĂ©es en thĂ©rapie. On y voit par exemple un homme, courant dans une roue de hamster sur laquelle est Ă©crit « moi, moi, moi Â». Psyimage ne dit rien d’elle, pas mĂŞme son nom ou sa photo. « Je ne veux rien dĂ©voiler de moi pour ne pas dĂ©vier de ma pratique. Â» En effet, en psychanalyse, l’analyste doit rester une page (presque) blanche sur laquelle l’analysant pourra projeter ses Ă©motions. C’est le fameux « transfert Â», ce processus au cours duquel sentiments et dĂ©sirs inconscients sont reportĂ©s sur une autre personne, en l’occurrence, le psy. Ses patients ne savent pas qu’elle est prĂ©sente sur le rĂ©seau. « Et s’ils tombent dessus, ça n’entrave rien. Â»

MĂŞme constat chez Catherine_la_psy. « Instagram n’est pas un sujet en sĂ©ance. Je sais que certains patients me suivent, mais ce n’est pas un problème. Â» La psychologue n’hĂ©site pourtant pas Ă  rĂ©vĂ©ler des choses très intimes, « mais seulement si je pense que cela peut aider certains abonnĂ©s Â». Ainsi, elle a indiquĂ© avoir souffert d’un trouble anxieux gĂ©nĂ©ralisĂ©, et qu’elle s’en est sortie. « Je veux montrer que les psy sont humains Â», prĂ©cise-t-elle. « J’ai une phobie de l’avion, je le dis et j’indique que je ne prends plus l’avion, histoire de montrer que tout n’a pas besoin d’être traitĂ©. Â» Cette mĂŞme volontĂ© est prĂ©sente chez Emmanuelle Drouet, alias PĂ©ripĂ©psy. « Nous voir permet aux gens de se rendre compte qu’il y a un humain derrière le psy Â», ajoute cette psychologue qui a mis en ligne cet Ă©tĂ© des photos de ses vacances. « On demande Ă  nos patients d’être authentiques, donc je le suis sur Instagram. Â» Emmanuelle Drouet propose Ă  ses patients des thĂ©rapies comportementales et cognitives, une approche qui lui offre plus de libertĂ© de parole que la psychanalyse. MalgrĂ© cette libertĂ©, elle a ressenti le besoin de transformer son compte, de le professionnaliser. « C’est parfois dĂ©courageant de voir que mes posts de vacances sont plus vus que ceux que je prends le temps d’élaborer. Â» Depuis la rentrĂ©e, elle a donc dĂ©cidĂ© de rĂ©duire le nombre de publications et de les orienter uniquement psy.

Un vrai travail

Car ĂŞtre prĂ©sent sur les rĂ©seaux sociaux prend du temps. Beaucoup de temps. « L’annĂ©e dernière, j’y passais quatre Ă  six heures par jour Â», calcule Emmanuelle Drouet. Trop. Ă€ prĂ©sent, la psychologue installĂ©e en rĂ©gion parisienne consacre deux Ă  quatre heures maximum Ă  rĂ©pondre aux messages et concocter ses posts et stories. « C’est un vrai travail ! Â», surenchĂ©rit Catherine_la_psy qui a diminuĂ© son activitĂ© en libĂ©ral pour professionnaliser sa prĂ©sence sur Internet, qu’elle gère avec son compagnon dĂ©veloppeur. « Je reçois entre cinquante et cent messages par jour, je rĂ©ponds Ă  tout. Â» Professionnaliser rime avec monĂ©tiser. Refusant toutes les propositions de partenariats de marques, pour ne pas devenir une « influenceuse Â» psycho, la psychologue lyonnaise a dĂ©veloppĂ© des ateliers en ligne qu’elle vend grâce Ă  son infolettre. Dans ses ateliers, des vidĂ©os et des exercices qui proposent des outils sur les thèmes de la psycho-gĂ©nĂ©alogie ou des relations toxiques. « Au cabinet, le travail est Ă©motionnellement très prenant. Avec les ateliers, c’est un travail intellectuel, technique, mais plus simple Ă  gĂ©rer. Â» Ă€ terme, elle aimerait ĂŞtre Ă  mi-temps sur Internet et Ă  mi-temps au cabinet.

Si Catherine_la_psy a acceptĂ© quatre patients en provenance d’Instagram, la psychologue n’en reçoit plus de nouveaux et refuse, comme les autres interviewĂ©es, toutes les demandes de consultation « Ă  la sauvage Â», en ligne. « Je reçois rĂ©gulièrement des demandes mais ce n’est pas le lieu et je redirige systĂ©matiquement les personnes vers d’autres professionnels pour entamer une vĂ©ritable dĂ©marche psychothĂ©rapique. Â» Car le risque de voir des personnes se contenter d’Instagram pour gĂ©rer leurs maux est bien prĂ©sent et questionne les psy prĂ©sents sur les rĂ©seaux. « Il y a les modes des HPI [Haut potentiel intellectuel, NDLR] ou des hypersensibles donc quand j’aborde un sujet, j’ai en tĂŞte la question de l’auto-diagnostique Â», prĂ©cise la psychologue. « Aucun risque sur mon compte Â», tranche de son cĂ´tĂ© Psyimage. « Je ne propose aucun diagnostique, je ne donne aucun conseil, je n’ouvre pas de boĂ®te Ă  questions dans laquelle les abonnĂ©s pourraient ĂŞtre tentĂ©s d’exposer leur problĂ©matique. Â» Elle s’autorise simplement Ă  « expliquer certains concepts, avec un brin d’humour grâce aux dessins Â».

Vulgariser, dĂ©dramatiser, et pour certains, vendre quelques ateliers. Mais aussi sortir de l’isolement. « C’est un mĂ©tier oĂą l’on est très seuls, donc le rĂ©seau social permet de crĂ©er du lien Â», remarque Psyimage. Parmi les abonnĂ©s des comptes de psy sur Instagram, d’autres psy. « J’adore dĂ©battre avec les collègues Â», s’enthousiasme Catherine_la_psy dont l’approche, l’Analyse transactionnelle, est souvent critiquĂ©e. « J’ai aussi dĂ©couvert les TCC, je me rĂ©concilie avec la psychanalyse, et je m’intĂ©resse aux comptes de psychomotriciens, de naturopathes, etc. Â» Grâce Ă  Instagram, Catherine_la_psy s’autorise Ă  travailler avec d’autres professionnels, quand la situation d’un patient le nĂ©cessite. Quant Ă  Adrien, son patient fictif trop sensible Ă  l’injustice, la thĂ©rapie lui a permis de parler d’un harcèlement vĂ©cu Ă  l’école et faire le lien avec son sentiment d’injustice.  

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