Depuis la pandémie de Covid-19 en 2020, l’intérêt pour les mangas, ces petits livres dessinés japonais, s’est accru chez les enfants, les adolescents mais aussi les adultes. À tel point que les ventes avaient augmenté de 120 %. Mais à l’heure actuelle, il semble que cette tendance se perde peu à peu, avec des baisses de vente en 2023 de 11,9 % puis de 9 % en 2024, selon Le Figaro. Si la courbe des ventes semble commencer 2025 de la même manière, Cécilia, la gérante de la librairie de manga L’Imaginarium à Foix, ne partage pas forcément ce point de vue.

Des aides pas si avantageuses

Ayant ouvert en 2022 suite à une reconversion professionnelle, Quentin et Cécilia ont écouté leur passion pour les mangas et se sont lancés dans ce projet. Mais ne venant pas de métiers du livre, le couple n’a pas pu toucher certaines aides, et c’est peut-être pour le mieux.

En effet, au bout de deux ans, ces aides disparaissent, et c’est souvent à partir de la troisième année que les librairies mettent la clé sous la porte. Sans cette dépendance aux financements, la petite entreprise fuxéenne a pu bâtir ses propres fondations. Le commerce n’ayant pas non plus été affecté par la crise Covid, il a pu passer outre les difficultés économiques importantes qui en découlent.

Cécilia raconte le cheminement que le couple a suivi lors de la création de leur magasin : "L’avantage, c’est qu’on a jamais eu d’aides. On a été aidé par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et Initiative Ariège pour avoir un prêt bancaire. Mais quand on a contacté Occitanie livre et lecture, qui donne les subventions pour les librairies, on nous a dit que notre projet n’était pas adapté."

La fréquentation plie mais ne rompt pas

Concrètement, pour L’Imaginarium, les ventes n’ont pas plus diminué que ça. Cécilia explique qu’en 3 ans, leur chiffre d’affaires a même un peu augmenté, et reste assez constant. Des informations rassurantes pour les deux libraires, même si l’instabilité économique reste un danger à ne pas ignorer.

Comme pour tous les commerces de France, les librairies de mangas sont, dans une certaine mesure, eux aussi touchés par la crise économique. Cela se remarque notamment au sein de la clientèle. Les lycéens qui ont récemment perdu près de la moitié des fonds culturels – le Pass culture notamment – qui leur étaient consacrés, se font un peu plus rares en boutique.

L’intérêt pour les mangas ne faiblit pas pour autant : "Parfois les gens viennent en famille et chacun prend dans ses univers préférés", raconte-t-elle. Il arrive même que les parents qui ont grandi avec des mangas comme Dragon Ball et One Piece, souhaitent partager leur passion avec leurs enfants. Loïc, un internaute venu avec sa fille, témoigne : "On se sent bien dès que l’on entre. Ma fille était au paradis du livre, une adresse à conserver."

Un concours de circonstances

Certaines librairies de mangas mettent tout de même la clé sous la porte, faute de financements, de trésorerie ou de clients. Et il est vrai que pour certaines grandes agglomérations, où la concurrence est de mise, s’imposer et se créer une clientèle fidèle devient assez difficile.

Les boutiques ayant eu à compenser les pertes entraînées par la crise Covid, tout en remboursant leurs prêts et sans aides supplémentaires, ont inévitablement fini par mettre fin à leurs affaires. Un enchaînement de circonstances malheureuses, qui ont porté un coup fatal à nombre de librairies du genre. Il ne reste maintenant plus qu’à espérer qu’une telle situation de crise ne se reproduise plus.