Nadine Cheniaux, wife of author Philippe Boxho, discusses the unexpected success of her husband's books about forensic medicine and death. She expresses surprise at the books' popularity but acknowledges the fascination with death in a culture that often avoids it. She highlights how the books have helped people cope with grief and anxieties about death. Nadine contrasts her own open and cathartic approach to communication with Philippe's more reserved nature.
Philippe Boxho, a forensic doctor, shares his insights into the reasons behind his books' success, crediting a podcast appearance for its widespread popularity. He denies that writing is cathartic for him, explaining that his daily work doesn't greatly affect him emotionally. He emphasizes the fictionalized nature of his medical cases in the books. He recounts a memorable incident involving a woman who was exonerated from a murder charge thanks to his forensic work, and how this event will be featured in his next book.
Comment vivez-vous le succès de votre époux en librairie? Est-ce une surprise?
Nadine Cheniaux: "Oui et non. Le premier livre, sorti en 2022, n'avait pas bénéficié d'une grande promotion. On s'était dit : "Si on en vend 5000, ce sera déjà un best-seller pour la Belgique et on sera contents." Je voyais que ça l'amusait, et j'étais heureuse pour lui. Mais jamais, au grand jamais, on n'aurait imaginé que, deux ans plus tard, ce serait une telle folie! Depuis le mois de mars, ça n'arrête pas. Le jour où ça ne l'amusera plus, Philippe arrêtera d'écrire. On ne veut pas que ça devienne une contrainte."
Nadine Cheniaux: "Je me souviens d'un dimanche où il était de garde. Il avait couvert une affaire horrible : une mère, dans un délire psychotique, avait tué son fils avec une hache, puis tenté de tuer sa fille. Il était rentré après ça avec des croissants, comme si de rien n'était."
Comment expliquez-vous que les gens se passionnent pour un tel sujet?
"La mort fascine en même temps qu'elle effraie. Dans notre culture européenne actuelle, on a mis de côté tout ce qui concerne le deuil, l'accompagnement des morts, le fait d'en parler ouvertement. Et c'est précisément pour cela que les livres de Philippe intriguent et attirent : ils évoquent la mort d'une manière différente, avec des mots simples, un ton juste, de l'humour, toujours dans le respect… Lors des dédicaces, des psychologues nous ont confié les utiliser avec des patients souffrant d'angoisses liées à la mort, car ils disent que ça les apaise. Des lecteurs nous ont aussi raconté combien cela les avait aidés. Dernièrement, une dame dont le fils avait été autopsié m'a bouleversée : grâce aux mots de Philippe, elle avait trouvé des clés pour surmonter sa douleur."
Vous êtes logopède. Lui se décrit comme un médecin légiste qui aime faire parler les morts. En somme, la parole vous réunit…
"C'est vrai qu'on partage cet attachement à la parole, mais on la vit différemment. Moi, j'ai tendance à beaucoup parler de mon métier. En tant qu'indépendante, je n'ai pas beaucoup d'échanges avec d'autres professionnels, sauf dans des maisons de repos où j'interviens pour des cas de dysphagie graves. Alors, quand je rentre, j'ai besoin d'évacuer, de raconter ce que j'ai vécu. Lui, c'est tout l'inverse. Je me souviens d'un dimanche où il était de garde. Il avait couvert une affaire horrible : une mère, dans un délire psychotique, avait tué son fils avec une hache, puis tenté de tuer sa fille. Il était rentré après ça avec des croissants, comme si de rien n'était. Il n'a pas prononcé un mot sur cette horreur!"
Pourquoi à votre avis?
"Je crois que c'est une question de besoin. Pour moi, la parole a un pouvoir cathartique. Parler me soulage, ça m'aide à prendre du recul. Lui, ce n'est pas pareil. Peut-être parce qu'il est plus âgé que moi, qu'il a appris à gérer ça autrement."
Peut-être qu'il avait besoin de l'écrire?
"En effet. Maintenant que vous le dites, je constate un changement depuis qu'il a mis tout ça dans ses livres. Peut-être que l'écriture lui permet de libérer ce qu'il garde en lui. Je n'avais pas fait ce lien, mais oui, il se pourrait bien que ça soit sa façon à lui d'évacuer."
Avant de le rencontrer, quel rapport entreteniez-vous avec la mort?
"Je ne la côtoyais pas du tout. À la fin de mes études, en 2000, j'ai tout de suite été engagée comme déléguée médicale dans un laboratoire spécialisé en psychiatrie et neurologie. Je ne voyais donc que des médecins qui traitaient de maladies. En 2006, j'ai enrôlé Philippe comme orateur pour leur parler des droits du patient et des urgences psychiatriques. Que faire quand un patient est en pleine crise psychotique? Quels documents remplir pour que le juge puisse l'interner? Après, je lui ai demandé s'il donnait des conférences sur les autopsies, car je trouvais qu'il y avait un créneau à prendre. Tous les médecins généralistes voulaient assister à ses causeries."
Comment expliquez-vous votre succès entre le deuxième et le troisième livre?
Philippe Boxho: "Mon passage dans le podcast "Legend" de Guillaume Pley a donné un coup de pouce phénoménal à ma réputation. Au départ, on n'imaginait pas aller en France, mais la puissance des réseaux sociaux est incroyable. La première interview a fait un million de vues, la seconde, sept millions, la troisième, c'était l'explosion totale."
Qu'avez-vous appris sur vous en étant publié et acheté?
"Que je suis capable de résister, de garder la tête froide. Je n'ai jamais pensé que j'allais vivre un tel tourbillon."
Philippe Boxho: "Sur le plan médico-légal, l'histoire est franchement romancée, voire complètement inventée."
Qu'est-ce qui vous a amené à l'écriture? Le besoin de coucher sur le papier ce que vous n'arriviez pas à dire?
"Non, je n'ai pas besoin de ça. Il n'y a rien de cathartique. Mon métier, c'est la banalité. Souvent, je ne me souviens même pas des cas. Il faut que je passe dans une rue ou que je retourne dans mes délires de cours pour me rappeler d'une histoire. Vraiment, ça ne me touche pas. C'est la maison d'édition qui est venue me voir après m'avoir entendu dans une émission. Au début, je n'étais pas sûr d'accepter, car j'avais plus l'habitude de rédiger des comptes rendus ressemblant à des PV de police. J'ai commencé avec deux ou trois chapitres et, heureusement, j'ai vite trouvé le ton. Je suis un raconteur. J'écris comme je parle devant des étudiants."
Comment expliquez-vous cette fascination pour la mort?
"Je ne l'explique pas. Concernant les livres, j'ai demandé aux gens qui viennent en dédicace pourquoi ils les aimaient et certains ont évoqué le côté court de mes chapitres. Sur le plan médico-légal, l'histoire est franchement romancée, voire complètement inventée. Je ne la connais pas, généralement."
Quel est le dernier cas qui vous a marqué?
"Il m'est arrivé un drôle de truc lors d'une conférence à Louvain-la-Neuve. Au moment des questions du public, une dame m'a dit : "Je veux vous remercier parce que vous m'avez sauvée de la prison." Ah, comment ça? "On a retrouvé mon mari mort près d'un radiateur. Le policier pensait que je l'avais poussé parce qu'on était un couple à problèmes et vous avez démontré par votre autopsie qu'il s'était encastré dans le radiateur en faisant un malaise cardiaque." Sauf que moi, je n'ai pas déclaré ça pour lui faire plaisir! Je lui ai répondu que ce sont les éléments qui permettaient cette conclusion. Et comme elle était avec son nouveau compagnon, j'ai rajouté pour lui : "Faites attention aux radiateurs. On ne sait jamais." Elle était morte de rire. Elle sera dans le prochain bouquin."
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