Top 14 - "J’ai eu l’impression de perdre mes cheveux" : Tevita Tatafu (Bayonne) évoque sa première Marseillaise et se livre sur son parcours - rugbyrama.fr


Tevita Tatafu, a French rugby player of Tongan origin, shares his journey from his childhood in Tonga to his debut with the French national team, offering insights into his personal life, career path, and experiences.
AI Summary available — skim the key points instantly. Show AI Generated Summary
Show AI Generated Summary

Tevita Tatafu est un homme plutôt rare dans les médias. Peu loquace au moment d’évoquer le sujet de son faux-départ de Bayonne, il a, en revanche, affiché un grand sourire quand il fut question de son enfance aux Tonga, de son évolution à l’Aviron, de sa découverte des Bleus et de la gestion d’une notoriété soudaine.

À quand remontent vos débuts dans le rugby ?

J’ai commencé à l’âge de 13 ans, dans l’île d’Eua, aux Tonga. Mon père m’a poussé en voyant mon oncle, Toma Taufa, jouer. Au début, je n’aimais pas trop ce sport. J’ai donc arrêté avant de reprendre un peu plus tard. J’ai commencé en tant que talonneur, le poste auquel mon père avait joué. Après, je suis passé numéro 8, puis pilier.

Avant vos débuts dans le rugby, faisiez-vous un autre sport ?

Non. Je participais aux combats de coqs. Tu amènes ton poulet, les autres amènent le leur. Tu les laisses se battre. Si tu gagnes, tu prends son poulet à la maison pour le manger ou tu gagnes 10 dollars. C’est une tradition sur notre île.

À côté de ça, à quoi ressemblait votre vie aux Tonga ?

Petit, je n’ai jamais pensé devenir joueur de rugby professionnel. J’allais à l’école, où je me bagarrais avec les autres (rires), puis je rentrais à la maison pour aider ma mère ou mon père, qui travaillait dans les montagnes. Il y cultivait du taro, du kava et du manioc. Je répétais cette routine tous les jours, sauf le dimanche, où nous allions à l’église. À la maison, nous étions nombreux, car j’ai sept sœurs et deux petits frères.

Vous souvenez-vous des conditions de votre arrivée à Bayonne ?

J’étais prêt pour partir en Nouvelle-Zélande, où deux clubs me voulaient, dont les Hastings Boys. J’avais aussi une piste au Japon. Mais un jour, mon coach aux Tonga m’explique que Toma (Taufa) et Yannick Bru l’ont appelé. Toma avait montré des vidéos de mes matchs à Yannick. Il m’a contacté et j’ai finalement opté pour la France. J’avais alors 17 ans.

Avec quels sentiments avez-vous quitté votre île natale, à l’époque ?

J’étais trop triste. C’était la première fois que je partais loin de ma famille. Une fois arrivé aux Fidji, où j’avais une escale, j’ai demandé à la sécurité de l’aéroport si elle pouvait me ramener aux Tonga. Je voulais faire demi-tour, j’étais tout seul. J’ai appelé ma mère. Je pleurais. Elle m’a dit qu’il fallait que je pense à eux et que je sois fort.

Le pilier est arrivé à Bayonne en 2021. Icon Sport

Quelles furent vos premières impressions en France ?

Il faisait un peu froid. C’était en octobre, j’étais en short et en tongs. Fred Bonhomme (son agent, N.D.L.R.) m’attendait à l’aéroport. Il me parlait en anglais. Je lui répondais "yes, yes", mais je ne comprenais rien à ce qu’il me disait. À l’époque, je ne parlais que tongien.

Sur le plan rugbystique, comment se sont passées vos premières semaines ?

Le premier jour, avec les Crabos, avait été très dur. Je ne comprenais pas grand-chose et les autres joueurs couraient beaucoup, et trop vite. Le deuxième jour, on a fait dix ou onze mêlées de suite. J’avais mal partout, je n’en pouvais plus ! Aux Tonga, on en faisait trois ou quatre maximums. En France, le ballon était sans cesse en activité, alors qu’aux Tonga, on prenait la balle et on fonçait tout droit. On ne faisait jamais de passe !

Vous souvenez-vous de votre premier match avec les professionnels, à Bayonne ?

C’était contre Brive (février 2021, N.D.L.R.). C’était dur, notamment en mêlée. C’est à ce moment que j’ai commencé à travailler plus, dans ce secteur. Je n’étais pas fort en mêlée. Je ne comprenais pas comment ça fonctionnait. J’avais beaucoup de mal.

Vous avez démarré chez les professionnels quelques semaines après Matis Perchaud, tout juste majeur lui aussi. Comment avez-vous avancé, côte à côte ?

Avec Matis, on ne se parlait pas beaucoup, car je ne comprenais pas bien le français et lui ne parlait pas Anglais. On se criait juste dessus pour s’encourager : "Allez, allez". Quand j’ai vu qu’il démarrait, en haut, je me suis dit que j’allais l’imiter.

Y a-t-il un entraîneur qui vous a vraiment aidé à franchir un cap en mêlée ?

Oui, Joël (Rey) et Yannick. Ils ont étudié ma technique. Ce sont des choses que j’ignorais. Pour moi, ce n’était qu’une question de force.

Pour être en forme et performant sur le terrain, à quel poids devez-vous être ?

Si je reste entre 138 et 140 kilos, c’est bien.

Est-ce une chose que vous devez surveiller sans cesse ?

Il m’est arrivé de prendre quatre ou cinq kilos en un week-end, sans comprendre pourquoi ! Je prends trop vite du poids, mais je le perds aussi rapidement. Des fois, c’est en semaine. Je finis l’entraînement, je rentre chez moi et j’ai faim, donc je mange.

À quel moment avez-vous décidé de jouer pour l’équipe de France ?

Dès que je suis arrivé en France et que j’ai vu Uini Atonio. Mon père m’avait expliqué, avant que je ne quitte les Tonga, qu’il l’adorait. En arrivant ici, je me suis dit que j’allais tout faire pour jouer avec lui. Et puis, j’aime bien les coqs (rires).

Que représente, à vos yeux, ce maillot tricolore ?

Pour moi, c’est comme si c’était le maillot des Tonga. Je donne tout pour lui.

Vous avez fait vos grands débuts avec l’équipe de France cet automne, pendant la tournée. Comment avez-vous vécu votre première Marseillaise ?

Je l’avais étudiée. Je ne sais pas si c’était à cause de la pression ou du stress, mais quand je me suis retrouvé debout face à la tribune, avec tout le monde qui chantait, j’ai eu l’impression de perdre mes cheveux (rires). J’ai essayé de rester calme et de chanter.

Tevita Tatafu, ici entouré par Émilien Gailleton et Jean-Baptiste Gros. Icon Sport - Hugo Pfeiffer

Qu’avez-vous pensé de votre première cape, face au Japon ?

C’était très dur, on ne faisait que courir. Les mêlées, aussi, étaient compliquées, car les piliers japonais sont costauds.

Une semaine plus tard, vous affrontiez la Nouvelle-Zélande. Comment avez-vous vécu le haka, puis votre blessure ?

J’ai été habitué à voir le haka lorsque j’étais petit. C’est une danse de bienvenue, chez nous. Je l’ai donc vécu normalement […] Un peu plus tard, quand j’ai mis mon genou au sol, je savais que c’était fini. Je me suis directement projeté sur la suite.

En faisant vos premiers pas chez les Bleus, vous avez rencontré Uini Atonio. Quelle relation avez-vous avec lui ?

Quand tu es fatigué et que tu vois Uini qui rigole tout le temps, tu ne peux pas être en colère. Quand je ne comprenais pas quelque chose, je lui posais des questions. Il m’a expliqué beaucoup de choses. C’est comme mon grand frère en équipe de France.

Et ici ? On vous sait proche de Luke Tagi…

Ici, j’ai un grand-père, Luke Tagi, un papa, Veikoso Poloniati et un grand frère, Sireli Maqala. Parfois, je suis tout seul à la maison et les trois débarquent, sans prévenir, pour m’embêter. On fonctionne comme ça…

Vous connaissiez Luke Tagi avant de débarquer à l’Aviron…

On était dans la même école aux Tonga. Luke était venu sur notre île parce que son père y travaillait pour une église. C’était mon surveillant et je faisais beaucoup, beaucoup de bêtises. Il avait beaucoup de travail, mais maintenant, je me suis calmé, je n’en fais plus.

Revenons sur l’équipe de France. Que pouvez-vous nous dire sur votre relation avec William Servat ?

Il y a des temps où l’on peut rigoler avec William et d’autres où on ne rigole pas. C’est normal. Quand il faut travailler, il est concentré, mais quand on ne travaille pas, il fait aussi des bêtises (sourire). Il est très jovial.

Sur quoi vous a-t-il aidé ?

Comme Uini, il m’a beaucoup aidé sur la mêlée, au niveau des rucks ou de la touche. Avec William, on échange souvent. Quand je fais un mauvais match, il m’envoie un message directement après pour me dire où je peux m’améliorer.

Vos pépins vous ont empêché de participer au Tournoi. Les dernières semaines ont-elles été frustrantes pour vous ?

J’étais très content de repartir à Marcoussis, mais quand j’ai senti que mon genou me faisait mal, la tristesse a fait son retour. Revenir à Bayonne me préparer fort, c’était le bon choix. Moi, je voulais revenir vite. Mais les préparateurs physiques et les kinés me disaient, sans cesse, "calme-toi".

Aujourd’hui, à quoi ressemble votre quotidien, quand vous ne jouez pas ?

Quand il n’y a pas entraînement, c’est jour off. Je suis sur mon lit, je joue à la Playstation toute la journée à Call Of, Fortnite, ou à l’UFC (rires). Mais Maqala, Luke et Koso font pareil !

Sireli Maqala et Tevita Tatafu partagent la même passion pour les jeux vidéo. Icon Sport - Baptiste Fernandez

Quelles sont les différences notables entre les cultures tongienne et française ?

Admettons que nous sommes aux Tonga et que vous habitez là-bas, au bout de la rue. Si je n’ai rien à manger chez moi, je vais venir sans invitation chez vous, manger un bout et repartir chez moi.

Il paraît que vous êtes un grand blagueur au quotidien. Confirmez-vous ?

Oh, oui. J’adore. Mes cibles préférées sont Tagi et Maqala. En revanche, je n’attaque pas les joueurs au-dessus de 30 ans. Camille Lopez, Arthur Iturria, Uzair Cassiem, c’est respect. Les autres, je m’en fous, j’y vais. Guillaume Rouet ? Non, je ne lui en ai jamais fait, mais c’est sûr qu’il aura le droit à une petite blague avant son départ.

Êtes-vous souvent sollicité, dans la rue, depuis que vous êtes devenu international ?

Oui, assez souvent, c’est pour ça que je préfère rester à la maison (rires). En général, je fais une photo avec les supporters et c’est tout. Avant, j’étais tranquille en voiture. Depuis la tournée de novembre, si j’ai la vitre ouverte, on me reconnaît : "Oh, c’est Tatafu, c’est Tatafu !"

Ces derniers mois, on a beaucoup parlé de vous. Vous avez été annoncé en partance pour l’UBB, avant de finalement prolonger votre contrat à l’Aviron bayonnais. On ne vous a jamais entendu à ce sujet. Comment avez-vous traversé ces dernières semaines mouvementées et que pouvez-vous nous dire là-dessus ?

Je ne veux rien dire à ce sujet. Je préfère rester concentré pour le week-end qui arrive et le suivant.

Pourquoi avoir fait le choix de prolonger à Bayonne ?

J’avais envie de rester ici.

Pourquoi cette prolongation sur une durée aussi longue ?

J’ai signé cinq ans, car j’aime cette ville et je voulais rester à la maison.

Que peut-on vous souhaiter, alors, sur les cinq prochaines années ?

De gagner le Top 14.

Quand ça ? Cette année ?

On verra, c’est possible (sourire).

🧠 Pro Tip

Skip the extension — just come straight here.

We’ve built a fast, permanent tool you can bookmark and use anytime.

Go To Paywall Unblock Tool
Sign up for a free account and get the following:
  • Save articles and sync them across your devices
  • Get a digest of the latest premium articles in your inbox twice a week, personalized to you (Coming soon).
  • Get access to our AI features

  • Save articles to reading lists
    and access them on any device
    If you found this app useful,
    Please consider supporting us.
    Thank you!

    Save articles to reading lists
    and access them on any device
    If you found this app useful,
    Please consider supporting us.
    Thank you!