Pas impressionnés par l’enjeu du match ni dérangés par les conditions dantesques dans lesquelles ils l’ont disputé, les Bayonnais ont dominé les Clermontois de la tête et des épaules pour s’offrir une demi-finale historique face au Stade toulousain le week-end prochain à Lyon. Un nouveau chapitre d’une histoire déjà riche…
Même le ciel basque avait décidé de s’inviter à la fête. Tout au long de la journée, la tenue de cette première demi-finale opposant son Aviron bayonnais à l’ASM Clermont Auvergne avait été menacée en raison de l’état de vigilance orange décrété par Météo France. Un scénario qui paraissait improbable à nos yeux de touriste qui ne connaissait rien de l’imprévisibilité du climat local.
Un peu moins de deux heures avant le coup d’envoi, le décor changea brutalement. D’une canicule estivale proprement étouffante et assortie d’un grand ciel bleu, on passa à un soir d’apocalypse, avec un horizon saturé d’énormes nuages noirs comme le charbon. L’atmosphère était toujours étouffante mais la température, elle, avait chuté d’un coup d’une bonne quinzaine de degrés. Ce décorum de fin du monde annonçait quelque chose. Un choc terrible, entre un nouvel ambitieux du Top 14 et un club de légende cherchant à retrouver son lustre d’antan. Et l’électricité ne se limitait pas aux travées archi-pleines d’un stade Jean-Dauger chauffé à blanc. Au-dessus de nos têtes, d’immenses éclairs déchiraient le ciel tandis que le tonnerre s’abattait au loin. Et à moins d’une dizaine de minutes du coup d’envoi, comme s’il voulait exprimer son impatience, le ciel bayonnais fit s’abattre sur son antre un véritable déluge. Des gouttes grosses comme le pouce, qui allaient rendre le ballon glissant, le terrain lourd, les passes incertaines bref… Tout annonçait un vaste chaos.
Et niveau chaos, on fut servi. Alors que l’on prédisait une véritable bataille des airs opposant deux des meilleurs alignements du championnat, ces derniers ont finalement perdu 11 de leurs lancers (6 côté bayonnais et 5 pour les Clermontois), les talonneurs ayant toutes les peines du monde à trouver leurs cibles. On espérait des Clermontois aussi fringants et entreprenants que la semaine d’avant à Montpellier (victoire 10-23 et une cinquième place décrochée à la dernière journée), mais les hommes de Christophe Urios lui ont encore une fois fait le coup de la panne. On se frottait les mains à l’idée de voir l’insaisissable Sireli Maqala effacer les défenseurs comme il l’a fait toute la saison… Mais le pauvre n’eut que peu d’espaces ou d’opportunités pour s’exprimer. En somme, rien ne s’est vraiment passé comme prévu, ou presque… Car sous un déluge aussi brusque et brutal que seul le climat basque sait en produire, l’Aviron a souqué ferme pour ne pas sombrer. Dans le sillage d’un pack qui gagna peu à peu le bras de fer de l’intensité physique et de buteurs inspirés tels que Joris Segonds ou Cheikh Tiberghien qui firent le siège du camp clermontois, les Bayonnais ont remporté ce que leur manager Grégory Patat n’avait même pas présenté comme un match de phase finale : "La phase finale débute la semaine prochaine. Ce soir, je leur ai dit que ce n’était que la confirmation de notre saison."
Et dans la droite lignée de sa saison, la lumière est venue de ce bon Camille Lopez, qui a illuminé cette rencontre un tantinet ennuyeuse de sa diagonale magistrale tapée pour son ailier Tom Spring, qui marqua ainsi le seul essai de la rencontre. Et tout ça pour sa toute première action de la partie, s’il vous plaît… Moins d’une heure après le coup de sifflet final, le Basque se pinçait pour mesurer le chemin parcouru : "Je ne sais pas si on réalise… C’est quelque chose d’incroyable. Dans tout ce bordel du vestiaire, je disais à Arthur Iturria "On est en demi-finale avec l’Aviron…" Il y a trois ans, quand j’ai signé, je ne pensais pas vivre un match comme ça […] J’ai vécu des moments incroyables ici en trois ans. Si l’on m’avait dit que j’allais vivre autant de bons moments, je n’y aurais pas cru. Je n’ai perdu que deux matchs ici. C’est lunaire quand tu vois la difficulté du championnat. C’est impensable." Pour sa dernière à Jean-Dauger, l’ouvreur a pris le soin de profiter de chaque seconde : "Ce soir, j’ai profité, j’ai pris ce qu’il y avait à prendre, mais il n’y a pas que moi. Arthur Iturria a demandé, avant le match, qu’on prenne l’énergie. Elle est bonne à prendre quand elle est comme ça." Cette énergie, les Bayonnais l’avaient prise de plein fouet dès leur arrivée au stade : pourfendant une masse compacte de supporters chauffés à blanc, ils se sont fait secouer par leurs ultras, mais toujours dans la bienveillance au point de provoquer les fous rires de plusieurs joueurs et du manager Grégory Patat, qui a dû se revoir en capitaine et numéro huit du FC Auch dans ses jeunes années.
Quand je suis arrivé, on faisait les vidéos dans le vestiaire, tous par terre
Lui aussi était bien placé pour mesurer le chemin parcouru par l’Aviron bayonnais : "Beaucoup de travail a été fait ces dernières années comme l’arrivée d’un centre d’entraînement et beaucoup d’autres choses qui ont été positives à l’Aviron. Tout cela m’a permis de mettre en place certaines choses. Quand je suis arrivé, on faisait les vidéos dans un vestiaire, tous par terre. Ce n’était pas signe de performance et d’ambition. Après, en trois ans, j’ai pu construire un effectif qui m’a permis d’évoluer et de passer un cap cette année. Je suis très fier du travail qui a été fait. De la part des joueurs, du staff, de la part de nos dirigeants. C’est beau. Quand tu es entraîneur, tu recherches des émotions comme ça. C’est une fierté. Voir les joueurs comme ça ce soir, cela n’a pas de prix." Ce qui n’aura non plus pas de prix, ce sera de voir les milliers de supporters bayonnais rejoindre Lyon pour soutenir leur équipe face à l’ogre toulousain pour une demi-finale de Top 14. Une nouvelle histoire à la David et Goliath, dont l’Aviron se piquerait de livrer une nouvelle version… Mais ça, c’est encore une autre histoire…
If you often open multiple tabs and struggle to keep track of them, Tabs Reminder is the solution you need. Tabs Reminder lets you set reminders for tabs so you can close them and get notified about them later. Never lose track of important tabs again with Tabs Reminder!
Try our Chrome extension today!
Share this article with your
friends and colleagues.
Earn points from views and
referrals who sign up.
Learn more