Avec Ouvrez, Nathalie Sarraute est allée au bout de la logique
littéraire qui est la sienne depuis son premier livre, Tropismes, paru en 1939. On sait le peu de crédit qu'elle a toujours accordé au roman traditionnel et aux personnages, on sait aussi comment elle a développé au fil de son oeuvre son intérêt pour ces «tropismes», , ces minuscules sensations ressenties chaque jour à propos de tout et de rien, et notamment à propos du langage, et comment elle a cultivé son goût pour les dialogues et la voix à travers son théâtre mais aussi ses livres, de plus en plus dépouillés, jusqu'à l'épure: dans Ici, paru il y a deux ans, les personnages n'existaient que par ce qu'ils disaient, locuteurs flous, indistincts, anonymes, presque évanescents. Dans Ouvrez, en librairie demain, les mots ont définitivement remplacé les personnages, ils sont eux-mêmes les personnages des quinze «drames» du volume.
De ce petit théâtre de mots, Nathalie Sarraute décrit d'emblée le décor et le fonctionnement: «Des mots, des êtres vivants parfaitement autonomes, sont les protagonistes de chacun de ces drames. Dès que viennent des mots du dehors, une paroi est dressée. Seuls les mots capables de recevoir convenablement les visiteurs restent de ce côté. Tous les autres s'en vont et sont pour plus de sûreté enfermés derrière la paroi. Mais la paroi est transparente et les exclus observent à travers elle. Par moments, ce qu'ils voient leur donne envie d'intervenir, ils n'y tiennent plus, ils appellent... Ou
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